On me demande souvent pourquoi lancer une webradio en 2024 quand l’offre musicale n’a jamais été aussi pléthorique. La réponse tient en un mot : liberté. Liberté d’écouter, de programmer, de mettre en avant celles et ceux qu’on n’entend pas ailleurs. C’est exactement l’ambition de Balance la Sauce la Radio : une radio en ligne dédiée aux artistes indépendants, sans publicité, ouverte à tous les styles (pop, rock, électro, urbain) avec un seul filtre : la sincérité et la qualité de production.
Dans un récent podcast avec Paul Musique, j’ai raconté les coulisses du projet, mon parcours de musicien-producteur et ce qui m’anime au quotidien.
La différence qui change tout
Une webradio, par définition, vit sur Internet. Pas de fréquences à louer, pas de relais FM à alimenter. Cela ne veut pas dire « sans règles » : je paie mes cotisations pour la diffusion (SACEM, SPRE) et je prends au sérieux le cadre légal. Mais l’absence de contrainte hertzienne me donne une marge de manœuvre précieuse : programmer librement, 24 h/24, en soignant les rotations pour éviter l’effet playlist qui tourne en boucle. L’objectif ? Que chaque morceau puisse être une porte d’entrée vers la radio.
D’où ça vient ?
Balance la Sauce ne sort pas de nulle part. Avant de lancer ma webradio, j’ai usé mes cordes et mes oreilles : des groupes, des scènes ouvertes à l’étranger, des studios bricolés et perfectionnés, des sorties d’albums, des interviews animées pour d’autres antennes… Bref, des années à vivre la musique sous toutes ses formes. À force de chercher des médias prêts à diffuser mes propres projets, j’ai voulu créer ce que j’aurais aimé trouver : un espace accueillant, curieux, exigeant, où l’on traite les « illustres inconnus » avec le même respect éditorial que les têtes d’affiche.
Comment je sélectionne ?
Je reçois beaucoup de morceaux. Vraiment beaucoup. J’ai donc choisi d’utiliser Groover comme canal principal : c’est centralisé, propre, et je suis sûr d’avoir les bons fichiers, la pochette, la bio. Est-ce que j’accepte tout ? Non. Pas par élitisme, mais parce que je veux défendre une écoute plaisante et crédible : si un titre agresse les oreilles par son mix, c’est toute la webradio qui en pâtit. À l’inverse, quand je refuse, j’explique pourquoi. Donner un feedback constructif, c’est, à mes yeux, participer à l’écosystème autant que diffuser.
Indépendant ne veut pas dire isolé
Je crois beaucoup à l’émulation collective. Quand un artiste partage la webradio, qu’un auditeur commente un extrait, qu’un label joue le jeu, tout le monde y gagne. De mon côté, je multiplie les passerelles : site web, annuaires radio, plateformes comme TuneIn, et surtout YouTube, où j’ai lancé une chaîne dédiée à la musique indépendante, aux formats longs, aux débats, aux tutos et aux anecdotes. C’est devenu un vrai accélérateur d’audience : les vidéos ramènent de nouveaux auditeurs vers la webradio, qui à leur tour découvrent des artistes… et la boucle vertueuse se met en place.
La question qui fâche (mais qu’il faut regarder en face)
Oui, on parle aussi d’IA. Pas pour céder à la panique, mais pour poser des repères clairs. J’utilise certains outils comme assistants (recherche, structuration d’idées, relecture). En revanche, pour la création musicale, la webradio reste fermement du côté des humains qui composent, jouent, enregistrent. Non par posture, mais par cohérence : je défends des compétences, des années de travail, une sensibilité. Et puis, soyons honnêtes : on entend encore la différence. Le « trop parfait » finit par sonner lisse ; il manque ce petit grain qui fait chavirer.
Les journées (très) longues et la joie intacte
On pourrait croire que gérer une webradio, c’est surtout de la technique. Il y en a, bien sûr : automation, serveurs, encodages, rotations, jingles, monitoring à distance quand un bug s’invite au pire moment… Mais, au fond, ce qui me fait me lever tôt, et souvent me coucher tard, c’est l’écoute. Découvrir un titre, écrire à son auteur, l’ajouter dans la bonne case, imaginer comment il va « respirer » entre deux autres morceaux. Et, ensuite, raconter tout ça, sans posture, sur YouTube ou en podcast, pour donner du contexte et des clés d’écoute.
Et demain ?
Je vois grand avec des moyens modestes. À moyen terme, j’aimerais une appli dédiée pour que chacun puisse retrouver facilement ce qu’il a entendu, sauvegarder, suivre l’actu des artistes. J’ai aussi envie de sortir de l’écran : organiser des soirées thématiques, voire un mini-festival estampillé Balance la Sauce, et pourquoi pas un rendez-vous dédié au clip musical. L’idée n’est pas de grossir pour grossir, mais de renforcer le lien entre artistes et public, en vrai, dans la même pièce.
Comment participer (que vous soyez artiste ou auditeur)
-
Artistes : soignez vos envois (mix, master, visuels, bio). Passez par Groover : c’est le meilleur moyen pour que je traite votre proposition vite et bien. Et si ce n’est pas pour maintenant, revenez avec un titre mieux abouti : je l’écoute sans a priori.
-
Auditeurs : écoutez la webradio, parlez-en, commentez les extraits, suivez la chaîne YouTube. Un like, un partage, un mot, ça compte. La découverte musicale est un sport d’équipe.
Rendez-vous sur YouTube pour retrouver le podcast en intégralité.